C’est une affaire aussi surprenante que révélatrice des tensions internes au sein du Eagle Football Group : Botafogo a officiellement réclamé à l’Olympique Lyonnais près de 65 millions d’euros en compensation de transferts réalisés à des conditions jugées « défavorables ». Cette demande, révélée par O Globo, fait suite à plusieurs opérations visant à soutenir le club lyonnais dans sa période de turbulence financière, notamment face aux sanctions de la DNCG.
Dans un courrier daté du 18 juillet 2025, le club carioca affirme avoir été contraint de vendre plusieurs de ses joueurs, Luiz Henrique, Igor Jesus et Jair, à des montants bien inférieurs à leur valeur marchande. Objectif : dégager rapidement des fonds pour soutenir l’Olympique Lyonnais, qui traversait alors une phase critique à cause des restrictions imposées par le gendarme financier du football français.
Le total réclamé s’élève à 410,2 millions de réaux brésiliens, soit 64,49 millions d’euros. Botafogo précise avoir dû agir dans l’urgence, et s’être retrouvé à accepter des remises importantes pour assurer la survie financière du club français, appartenant lui aussi à Eagle Football Group.
Tout commence en novembre 2024, lorsque la DNCG interdit à l’OL d’enregistrer de nouveaux joueurs, provoquant une onde de choc au sein du groupe. Botafogo indique alors avoir pris le relais en accélérant des ventes dans des conditions très défavorables. Dans le document adressé à Lyon, le club brésilien parle clairement d’une situation où il a été « contraint de négocier avec des tiers » certains transferts pour contourner l’impossibilité de transfert direct vers l’OL.
En plus des ventes sous-évaluées, Botafogo demande également une compensation pour le prêt gratuit de Thiago Almada à Lyon, réalisé en janvier 2025. Ce geste, présenté à l’époque comme un exemple de solidarité entre entités du groupe, est désormais perçu comme un sacrifice financier injustifié.
Face à ce qu’il qualifie de déséquilibre structurel, Botafogo a engagé une procédure légale. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le club affirme que des mesures prises par les autorités françaises ont gravement nuiau fonctionnement du partenariat entre les deux clubs.
« Il a été nécessaire d’engager une procédure afin d’officialiser le déséquilibre financier actuel entre les entités, et de demander le remboursement des montants avancés par Botafogo », peut-on lire dans le communiqué.
Dans cette même déclaration, Botafogo annonce avoir lancé des réformes de gouvernance, visant à préparer l’arrivée de nouveaux investisseurs. Le message est clair : si Eagle Football ou l’OL ne peuvent pas rembourser dans l’immédiat, le club brésilien entend trouver des solutions alternatives pour se stabiliser financièrement.
Ce conflit tombe à un moment charnière. Selon plusieurs sources, John Textor, président du groupe Eagle Football, envisagerait une scission entre Botafogo et la branche européenne du groupe. Une décision qui pourrait être motivée par cette affaire mais aussi par des divergences stratégiques plus larges.
Si cette séparation se confirme, elle marquera un tournant dans la gestion des modèles multi-clubs, de plus en plus répandus dans le football moderne mais parfois fragiles lorsque les intérêts économiques s’opposent.
La demande de remboursement formulée par Botafogo à l’encontre de l’Olympique Lyonnais n’est pas simplement un litige financier. Elle met en lumière les risques du modèle multi-clubs, où la solidarité entre entités peut se transformer en conflit d’intérêts. Entre transferts sous-évalués, prêts non facturés et décisions imposées par les régulateurs, cette affaire pourrait bien faire jurisprudence. Elle pose une question essentielle : jusqu’où peut-on mutualiser les ressources sans créer de déséquilibres destructeurs ? Affaire à suivre…