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Revue Juridique

Impact juridique de la Coupe du Monde des Clubs 2025 sur le mercato estival : enjeux, règles et conséquences

par
EAJF / A.ESTEVES
le
5/29/25

La Coupe du Monde des Clubs 2025, qui se tiendra du 15 juin au 13 juillet aux États-Unis, bouleverse cette année le calendrier classique du football professionnel. Cette compétition majeure organisée par la FIFA entraîne une adaptation exceptionnelle des règles encadrant le marché des transferts et la gestion des contrats des joueurs. Pour comprendre les enjeux juridiques, il est essentiel de saisir les bases réglementaires qui gouvernent ces mécanismes, ainsi que les conséquences pratiques pour les clubs, joueurs et agents.

Le cadre juridique du mercato : régulation par la FIFA et les fédérations nationales

Le mercato, période durant laquelle les clubs peuvent transférer des joueurs sous contrat, est strictement réglementé par la FIFA à travers le RSTJ (Règlement sur le Statut Juridique des Joueurs). Ce règlement définit notamment les périodes de transfert (« fenêtres »), qui doivent être ouvertes au maximum deux fois par an : une en été, une en hiver. Les fédérations nationales doivent aligner leurs périodes de mercato sur ce cadre pour garantir une cohérence internationale.

Cette réglementation vise à préserver l’équilibre sportif et éviter les perturbations liées à des changements d’effectifs trop fréquents. Tout transfert effectué en dehors des fenêtres autorisées est en principe interdit, sous peine de sanctions disciplinaires.

Une dérogation exceptionnelle motivée par la Coupe du Monde des Clubs

La Coupe du Monde des Clubs 2025 se déroule exceptionnellement entre deux saisons classiques (fin juin – début juillet), soit en dehors des périodes habituelles de mercato. Pour permettre aux clubs qualifiés de constituer des équipes compétitives et d’inscrire leurs joueurs, la FIFA a instauré une fenêtre de transfert exceptionnelle du 1er au 10 juin 2025. Cette mesure déroge donc au principe d’une fenêtre unique en été.

Dans ce contexte, les grandes ligues européennes (France, Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne) ont adapté leurs calendriers de mercato en conséquence, notamment en divisant la période estivale en deux phases. Cette double fenêtre est inédite et implique une coordination importante entre les clubs et les autorités sportives.

Découvrez notre article sur les enjeux juridiques de la coupe du monde des clubs

Les contrats des joueurs en fin de saison : un vide juridique délicat

Un problème juridique majeur concerne les contrats des joueurs arrivant à échéance au 30 juin 2025, alors que la Coupe du Monde des Clubs se poursuit jusqu’au 13 juillet. En droit du travail sportif, le contrat lie un joueur à un club pour une durée déterminée. Une fois le contrat expiré, le joueur est libre de signer ailleurs.

Or, les joueurs engagés dans la compétition peuvent se retrouver dans une situation où leur contrat prend fin avant la fin des matchs. Cela soulève plusieurs questions :

  • Prolongation automatique ?
    Aucun mécanisme automatique n’existe aujourd’hui pour prolonger les contrats au-delà du 30 juin afin de couvrir la durée complète de la compétition. Ce point est d’autant plus complexe qu’il engage des droits et obligations contractuelles fortes.
  • Négociations individuelles obligatoires
    Pour pallier ce vide, les clubs doivent négocier des avenants temporaires avec les joueurs concernés. Ces avenants précisent la durée prolongée, la rémunération pendant cette période, les garanties d’assurance (notamment en cas de blessure), ainsi que les responsabilités des parties.
  • Risques de litiges
    Sans accord clair, un joueur pourrait refuser de prolonger son contrat, entraînant une incapacité du club à aligner ses joueurs sur le terrain, voire des contentieux devant les instances sportives ou judiciaires.

Les impacts économiques et sportifs pour les clubs

Cette situation crée un environnement complexe, avec plusieurs conséquences :

  • Gestion des effectifs compliquée
    Les clubs doivent anticiper les départs et négocier avec leurs joueurs dès la fin de saison. Cette double fenêtre impose une double gestion administrative, avec des risques de désorganisation.
  • Pression financière accrue
    Le mercato fragmenté limite la capacité des clubs à planifier sereinement leurs recrutements et ventes. Ils doivent souvent vendre avant de pouvoir acheter, ce qui peut déséquilibrer leurs budgets.
  • Stratégies contractuelles révisées
    Pour éviter des situations délicates, certains clubs anticipent en prolongeant les contrats avant la fin officielle, ou en intégrant dans les contrats des clauses spécifiques liées à la Coupe du Monde des Clubs.

Un exemple concret : la situation de Kevin De Bruyne

Le cas de Kevin De Bruyne illustre parfaitement ces enjeux. Son contrat avec Manchester City se termine le 30 juin 2025, tandis que le club pourrait disputer des matchs importants après cette date dans le cadre de la Coupe du Monde des Clubs. Le club et le joueur doivent négocier une prolongation temporaire si l’on souhaite qu’il participe pleinement à la compétition.

Cette situation, qui concerne plusieurs joueurs de haut niveau, met en lumière la nécessité d’un cadre clair, garantissant la sécurité juridique des contrats tout en respectant les intérêts sportifs.

Anticiper les adaptations juridiques pour sécuriser le mercato et la compétition

La Coupe du Monde des Clubs 2025 entraîne un bouleversement inédit du calendrier sportif et du droit des transferts. Dans ce contexte, clubs, joueurs et agents doivent impérativement anticiper ces évolutions, négocier avec rigueur et respecter les cadres réglementaires pour éviter les conflits et assurer la réussite sportive et économique.

Un dialogue renforcé entre la FIFA, les fédérations, les syndicats de joueurs et les clubs est également indispensable pour clarifier ces zones d’ombre et établir des règles équitables, conciliant compétitivité et sécurité juridique dans un calendrier sportif toujours plus dense.