Le 18 octobre dernier, le monde du football a appris avec effroi la mort d’un jeune espoir sénégalais, Cheikh Touré, 17 ans, évoluant à l’Académie Esprit Foot à Yeumbeul au Sénégal. Selon le ministère des Affaires étrangères sénégalais, le joueur aurait été victime d’un réseau d’escroquerie et d’extorsion de fonds opérant au Ghana.
Selon plusieurs médias sénégalais, le joueur aurait été approché par de faux recruteurs afin de passer des tests professionnels pour rejoindre un club au Maroc. Attiré au Ghana afin de réaliser la première série de tests, la victime aurait alors été enlevée par un groupe armé avant qu’une rançon ne soit demandée à sa famille. Ses proches n’ayant pas réussi à réunir la totalité de la somme demandée, les ravisseurs auraient finalement mis leurs menaces à exécution.
Plusieurs joueurs victimes du même réseau criminel ont été libérés suite à l’intervention des autorités ghanéennes, dont 3 autres joueurs sénégalais et 57 joueurs nigérians. Cette tragédie met en lumière la vulnérabilité des jeunes joueurs face aux arnaques et aux tentatives d’extorsion de plus en plus communes dans le milieu du football.
Les arnaques visant les jeunes joueurs de football, rêvant de devenir des stars du ballon rond, se sont multipliées partout dans le monde ces dernières années. En 2022, le club de Saint-Ouen, le Red Star, alertait les aspirants joueurs au sujet de faux recruteurs utilisant « la notoriété et le logo du Red Star » qui organisaient des détections en échange d’argent. Toujours en 2022, un vaste réseau d’escroquerie mené par des faux agents de footballeurs faisant miroiter des carrières prometteuses à des jeunes joueurs étrangers a été identifié au Portugal. Ces différentes affaires soulèvent la question des outils juridiques disponibles pour lutter contre ce phénomène alarmant.
Pour rappel, les faux recrutements visent des promesses d’essai ou d’engagement faites à des jeunes joueurs souvent en situation de vulnérabilité. Les essais, qui renvoient à une période courte au cours de laquelle un club accueille un joueur afin de tester et analyser l’ensemble de ses capacités en vue de le recruter dans un club, sont très souvent détournés par des personnes mal intentionnées afin de piéger des jeunes joueurs rêvant d’une grande carrière dans le domaine, comme le démontre le cas de Cheikh Touré.
Pour faire face à ce phénomène, en 2023, la FIFA a annoncé des modifications du règlement du Statut et du transfert des joueurs. Ces évolutions portent principalement sur les règles relatives à la pratique des essais de football. L’article 19ter du règlement prévoit notamment une série de conditions destinées à protéger les joueurs mis à l’essai.
Parmi les règles prévues figure notamment l’obligation des clubs de prévoir une période limitée de mise à l’essai et de convenir des conditions de la mise à l’essai avant son commencement. Ces conditions ont pour but d’assurer un cadre protecteur aux joueurs testés.
La Fédération internationale prévoit également une durée maximale de la période de mise à l’essai des joueurs majeurs. Pour les joueurs mineurs, la protection est renforcée, car pour être mis à l’essai, ils doivent par exemple obtenir une autorisation expresse de leurs parents et le club doit garantir que le mineur dispose de conditions de vie et d’hébergement optimales.
Si ces mesures sont nécessaires pour assurer la protection des joueurs face aux abus de clubs dans le cadre de cette période, elles ne permettent pas de lutter efficacement contre les arnaques qui se développent en la matière.
Aujourd’hui, les règles destinées à protéger les joueurs contre ce fléau reposent uniquement sur les législations internes et, plus précisément, sur le droit pénal propre à chaque pays. L’absence de coopération internationale sur un sujet crucial pour l’avenir du football mondial et la protection des jeunes talents pose problème.
Le cas de Cheikh Touré ainsi que le cas de nombreux autres joueurs démontre la nécessité urgente de créer une initiative à l’échelle mondiale pour lutter contre ces infractions et surtout pour éviter qu’un nouveau drame se reproduise.
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