Le 13 juillet, Lamine Yamal, étoile montante du FC Barcelone, a fêté sa majorité lors d’un événement privé. Ce qui aurait dû être une célébration sans histoire s’est transformé en scandale judiciaire : le joueur est accusé d’avoir engagé des personnes atteintes de nanisme à des fins d’animation festive. Une décision qui a immédiatement déclenché la colère de l’ADEE (Association des personnes atteintes d’achondroplasie et autres dysplasies squelettiques avec nanisme), qui dénonce une atteinte à la dignité humaine.
En Espagne, le cadre juridique est clair. La loi interdit expressément les spectacles ou activités récréatives dans lesquels des personnes en situation de handicap sont utilisées pour susciter le ridicule, la moquerie ou l’humiliation. Cette interdiction est fondée sur le principe constitutionnel du respect de la dignité de la personne humaine, renforcé par la Loi générale sur les droits des personnes handicapées (Ley General de Derechos de las Personas con Discapacidad, 2013).
En l’espèce, l’ADEE considère que la présence de ces personnes lors de la fête de Lamine Yamal, à des fins exclusivement divertissantes, constitue une violation de cette loi. Le ministère des Droits sociaux espagnol a saisi plusieurs instances, dont le Bureau du Procureur et le Défenseur du peuple, pour examiner les faits. Si la qualification d’infraction administrative grave est retenue, le joueur pourrait encourir des amendes comprises entre 600 000 et 1 million d’euros.
En France, le principe de respect de la dignité de la personne humaine est également protégé, notamment par le Préambule de la Constitution de 1946 et par l’article 1er de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Le Code pénal français prévoit, dans son article 225-1, que constitue une discrimination toute distinction opérée sur la base du handicap, notamment dans l’accès aux biens et services.
Cependant, contrairement à l’Espagne, il n’existe pas de texte de loi français qui interdise spécifiquement les spectacles ou animations impliquant des personnes handicapées à des fins de divertissement public. Néanmoins, une telle situation pourrait être qualifiée en France de traitement dégradant, voire de harcèlement moral, si elle est perçue comme portant atteinte à la dignité ou entraînant une situation humiliante pour les personnes concernées.
La jurisprudence française se montre cependant vigilante lorsqu’il s’agit d’usage abusif de l’image ou de l’exposition des personnes vulnérables, en particulier dans les spectacles, émissions de télévision ou événements publics.
Pour l’ADEE, cette affaire dépasse le cadre personnel de Lamine Yamal. Elle reflète un usage encore trop courant de la différence physique comme ressort comique ou spectaculaire, une pratique héritée de traditions désormais considérées comme obsolètes et discriminatoires. La condamnation de cette pratique s’inscrit dans un mouvement plus large en faveur du respect des droits des personnes en situation de handicap, promu par la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies, ratifiée à la fois par l’Espagne et la France.
Cette affaire met en lumière un élément fondamental : le rôle clé de l'entourage professionnel dans la gestion de l'image publique et des responsabilités juridiques.
Un agent, un juriste ou un conseiller en communication ne sert pas uniquement à négocier des contrats ou organiser des événements. Il doit veiller à protéger la réputation de son client, à anticiper les risques et à garantir la conformité avec les lois et les valeurs de la société.
Dans le cas de Lamine Yamal, une meilleure vigilance en amont aurait sans doute évité le scandale. À ce niveau de notoriété, chaque choix a un impact juridique et social.
Être bien entouré, c’est une assurance contre les faux pas – et un gage de respect des personnes, surtout lorsqu’il s’agit de publics vulnérables.
La polémique autour de l’anniversaire de Lamine Yamal dépasse le simple cadre du divertissement. Elle soulève une question centrale : quelle est la limite entre spectacle et discrimination ?
Dans un monde où les personnalités publiques sont scrutées en permanence, l’entourage professionnel joue un rôle stratégique pour prévenir les erreurs aux lourdes conséquences. Mais au-delà du droit, cette affaire rappelle que le respect de la dignité humaine ne doit jamais être négociable.
L’éthique, l’inclusion et la responsabilité ne sont pas des options. Elles sont les fondations d’une société juste.